Ce soir-là, c'était débats à l'Atelier...
- Dans un premier temps, chacun a pris la parole à partir de la question suivante : "La France doit-elle conserver des liens étroits avec les anciennes colonies d'Afrique Noire francophone ?"
Il fallait avoir quelques connaissances techniques, ce qui rendait plus difficile le débat à ceux qui n'avaient pas préparé le sujet. Ainsi, le débat a un peu hésité, mais les enjeux essentiels ont été abordés. Une majorité s'est dégagée pour le maintien des relations franco-africaines, au nom de la solidarité entre les peuples francophones... Ont été abordées :
- La question commerciale : pour la France, la présence en Afrique permet de maintenir sa stature internationale, et de lutter contre l'influence chinoise, d'obtenir des marchés préférentiels (l'uranium, en particulier). Pour les pays africains, elle assure un flux économique permanent. Mais on pouvait se demander si les conditions des échanges commerciaux sont vraiment équitables, et redistribuées aux citoyens.
- La question militaire : la France assure sa stature internationale, soutient ses anciennes colonies, défend les alliés politiques qui lui offrent les meilleurs intérêts économiques. On a évoqué le statut néocolonial de l'attitude française et la quasi mise sous tutelle (droit d’ingérence contre souveraineté) de ces pays.
- La question culturelle : une fraternité de la langue, la francophonie, est maintenue, pour la plus grande richesse littéraire ! C'est la négritude de Césaire et Senghor, mais c'est aussi Amadou Hampaté Bâ, Ahmadou Kourouma et bien d'autres...
- La question politique : le soutien de la France se fait souvent en échange de commissions occultes, ou en échange de blanchiment d'argent sale. De nombreuses affaires ont ainsi éclaté : l'inaction de la force Licorne pendant le génocide Rwandais, l'affaire Elf, l'Angolagate, ou l'affaire des "biens mal acquis" (l'immense patrimoine immobilier parisien du président Bongo)
En bref, la Françafrique n'a pas cessé de faire débat...
(les liens renvoient à des sites qui me paraissent dignes d'intérêt)
- Le deuxième débat, tables en face à face, a suscité plus de participations, avec une nette préférence pour "l'affaire DSK", qui a occulté les problématiques centrales du sujet : "Les affaires politiques nuisent-elles à la campagne présidentielle ?"
Le débat n'a pas porté, comme nous l'attendions, sur l'attitude des candidats entre eux pendant la campagne (petites phrases, mépris...), mais sur les raisons qui poussent à voter pour un candidat. Ont été abordées :
- La question de la vie privée : la vie privée est-elle importante pour définir un homme public ? Faut-il qu'il soit "moral" (et de quelle morale parle-t-on ?) Un homme public va-t-il mal diriger le pays s'il a des conduites privées inhabituelles ? Pourrait-on ainsi voir un président homosexuel ou libertin ?
- La question de la diffusion des affaires : faut-il publier les affaires ? Si oui, jusqu'à quand et dans quelle mesure ? Si non, ne risque-t-on pas d'entraver la liberté de la presse ? Un pays où l'on tait toutes les affaires peut-il être une démocratie ? Quels sont les risques politiques d'un dégoût du politique ?
- La question du traitement juridique des affaires : les juges doivent-ils poursuivre leur travail pendant la campagne ? Jusqu'où doivent aller les juges ? Leur travail est-il compatible avec celui des journalistes ?...