Sciences Po pour quoi faire ?
LE MONDE DE L'EDUCATION
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Par Pauline Sauthier
Dossier spécial APB 2016. Quand ils entrent à Sciences Po après le baccalauréat, les étudiants veulent devenir « ambassadeurs, journalistes, ou faire la paix dans le monde », constate, un brin ironique, Cornelia Woll, directrice des études et de la scolarité à Sciences Po Paris. Les études sur l’insertion professionnelle réalisées à la fin du master montrent une autre réalité.
A Paris, les diplômés de la promotion 2013 les plus nombreux (19 %) ont été embauchés dans le secteur de l’audit et du conseil. A l’Institut d’études politiques (IEP) de Lyon, pour les étudiants de la même année, le conseil est prisé mais les secteurs de la santé, de l’action sociale et de la culture recrutent davantage.
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C’est le secteur privé qui emploie le plus d’étudiants : 67 % à Lyon,
69 % à Paris, 70 % environ à Rennes. A l’IEP de Toulouse, entre 2010 et
2014, 27 % des diplômés ont été recrutés dans une administration
publique, ils n’étaient plus que 15 % en 2014. Dans toutes les analyses
de long terme, l’administration publique perd de l’importance pour les
diplômés de Sciences Po.Pluridisciplinarité
Même si former des cadres du privé fait partie des missions des IEP établies par un décret de 1989, la préférence des étudiants pour le secteur privé change la donne : Sciences Po perd sa fonction traditionnelle dans la formation des cadres du public, et la frontière avec les écoles de commerce s’amincit.Les IEP forment de plus en plus d’étudiants, et les postes, notamment d’encadrement, se raréfient dans la fonction publique. A Sciences Po Paris, la concurrence avec les écoles de commerce est assumée. La formation, qui compte sept écoles regroupant chacune plusieurs masters (autour de la presse, de l’administration publique, des carrières juridiques, etc.), compte créer une école de l’entreprise pour rassembler les formations déjà existantes en gestion, finance, stratégie, management et organisation des ressources humaines. Avec pour but de les rendre plus visibles.
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« Ce qui fait la différence avec les écoles de commerce, estime Nelly Couderc, responsable du pôle carrières et partenariats à l’IEP de Bordeaux, ce sont la pluridisciplinarité de la formation de Sciences Po et l’esprit de synthèse de ses étudiants. »
Les deux premières années, ils reçoivent un enseignement de tronc
commun autour du droit, de l’économie, de l’histoire et des sciences
politiques.« Problématiques actuelles »
En troisième année, ils partent pour la plupart à l’étranger et se spécialisent au niveau du master. Un profil qui, selon Nelly Couderc, est de plus en plus recherché, quel que soit le master choisi. « Depuis la crise de 2008, estime-t-elle, les entreprises cherchent des manageurs plus en phase avec les problématiques actuelles, capables de s’adapter dans un environnement dégradé. » D’après elle, les étudiants des écoles de commerce sont davantage des « techniciens ».Pour que les deux formations se complètent, les IEP de Paris, Lille, Grenoble, Lyon et Bordeaux ont noué des liens avec des écoles de management. A Bordeaux, les étudiants qui souhaitent s’orienter vers la finance profitent du partenariat avec l’Institut d’administration des entreprises (IAE).
Les étudiants de l’EM Lyon trouvent à l’IEP de la même ville un apprentissage qui leur permettra de s’orienter vers les affaires publiques et le journalisme. Ceux de l’IEP cherchent à acquérir des compétences managériales en intégrant un double diplôme. Rares sont les étudiants d’IEP qui complètent leur formation par une école de commerce, preuve peut-être que leur seul diplôme suffit à les faire embaucher.
Le parcours généraliste des étudiants d’IEP fait la différence. En licence, ils acquièrent un solide bagage en culture générale et en master, et peuvent devenir journalistes, avocats, diplomates, magistrats, communicants ou cadres. Et plus rarement rétablir la paix dans le monde.
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- Pauline Sauthier
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