Partie n°1 : Aide personnalisée à la préparation de l'oral d'admission à partir de différents sujets de culture générale.
Partie n°2 : Sujet de réflexion - Que faire de la « servitude volontaire » (E. La Boétie) en période d'élection présidentielle ? Aspects philosophiques, historiques et politiques.
Document n°1 : Extrait d’Étienne de La Boétie, Discours de la servitude volontaire, 1576.
"Pour le moment, je voudrais seulement comprendre
comment il se peut que tant d'hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de
nations supportent quelquefois un tyran seul qui n'a de puissance que celle
qu'ils lui donnent, qui n'a pouvoir de leur nuire qu'autant qu'ils veulent bien
l'endurer, et qui ne pourrait leur faire aucun mal s'ils n'aimaient mieux tout
souffrir de lui que de le contredire. Chose vraiment étonnante - et pourtant si
commune qu'il faut plutôt en gémir que s'en ébahir -, de voir un million
d'hommes misérablement asservis, la tête sous le joug, non qu'ils y soient
contraints par une force majeure, mais parce qu'ils sont fascinés et pour ainsi
dire ensorcelés par le seul nom d'un, qu'ils ne devraient pas redouter - puisqu'il
est seul - ni aimer --- puisqu'il est envers eux tous inhumain et cruel. Telle
est pourtant la faiblesse des hommes : contraints à l'obéissance, obligés de
temporiser, ils ne peuvent pas être toujours les plus forts. […] Or ce tyran
seul, il n'est pas besoin de le combattre, ni de l'abattre. Il est défait de
lui-même, pourvu que le pays ne consente point à sa servitude. Il ne s'agit pas
de lui ôter quelque chose, mais de ne rien lui donner. Pas besoin que le pays
se mette en peine de faire rien pour soi, pourvu qu'il ne fasse rien contre
soi. Ce sont donc les peuples eux-mêmes qui se laissent, ou plutôt qui se font
malmener, puisqu'ils en seraient quittes en cessant de servir. C'est le peuple
qui s'asservit et qui se coupe la gorge ; qui, pouvant choisir d'être soumis ou
d'être libre, repousse la liberté et prend le joug ; qui consent à son mal, ou
plutôt qui le recherche...
[…]
Pauvres gens misérables, peuples insensés, nations opiniâtres à votre mal et
aveugles à votre bien ! Vous vous laissez enlever sous vos yeux le plus beau et
le plus clair de votre revenu, vous laissez piller vos champs, voler et
dépouiller vos maisons des vieux meubles de vos ancêtres ! Vous vivez de telle
sorte que rien n'est plus à vous. Il semble que vous regarderiez désormais comme
un grand bonheur qu'on vous laissât seulement la moitié de vos biens, de vos
familles, de vos vies. Et tous ces dégâts, ces malheurs, cette ruine, ne vous
viennent pas des ennemis, mais certes bien de l'ennemi, de celui-là même que
vous avez fait ce qu'il est, de celui pour qui vous allez si courageusement à
la guerre, et pour la grandeur duquel vous ne refusez pas de vous offrir
vous-mêmes à la mort. Ce maître n'a pourtant que deux yeux, deux mains, un
corps, et rien de plus que n'a le dernier des habitants du nombre infini de nos
villes. Ce qu'il a de plus, ce sont les moyens que vous lui fournissez pour
vous détruire. D'où tire-t-il tous ces yeux qui vous épient, si ce n'est de
vous ? Comment a-t-il tant de mains pour vous frapper, s'il ne vous les emprunte
? Les pieds dont il foule vos cités ne sont-ils pas aussi les vôtres ? A-t-il
pouvoir sur vous, qui ne soit de vous-mêmes ? Comment oserait-il vous
assaillir, s'il n'était d'intelligence avec vous ? Quel mal pourrait-il vous
faire, si vous n'étiez les receleurs du larron qui vous pille, les complices du
meurtrier qui vous tue et les traîtres de vous-mêmes ? Vous semez vos champs
pour qu'il les dévaste, vous meublez et remplissez vos maisons pour fournir ses
pilleries, vous élevez vos filles afin qu'il puisse assouvir sa luxure, vous
nourrissez vos enfants pour qu'il en fasse des soldats dans le meilleur des
cas, pour qu'il les mène à la guerre, à la boucherie, qu'il les rende ministres
de ses convoitises et exécuteurs de ses vengeances. Vous vous usez à la peine
afin qu'il puisse se mignarder dans ses délices et se vautrer dans ses sales
plaisirs. Vous vous affaiblissez afin qu'il soit plus fort, et qu'il vous
tienne plus rudement la bride plus courte. Et de tant d'indignités que les
bêtes elles-mêmes ne supporteraient pas si elles les sentaient, vous pourriez
vous délivrer si vous essayiez, même pas de vous délivrer, seulement de le
vouloir."
Quelques éléments de réflexion dans l'émission "Le Gai savoir" sur France Culture, émission du 27/04/2015 : https://www.franceculture.fr/emissions/le-gai-savoir/discours-de-la-servitude-volontaire-la-boetie
Document n°2 : Texte complémentaire de
la journaliste Anne-Cécile Robert, « La stratégie de l’émotion », Le Monde diplomatique, février 2016 : https://www.monde-diplomatique.fr/2016/02/ROBERT/54709
Quelques éléments de réflexion dans l'émission "Le Gai savoir" sur France Culture, émission du 27/04/2015 : https://www.franceculture.fr/emissions/le-gai-savoir/discours-de-la-servitude-volontaire-la-boetie
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