Après un moment d'échange avec les Terminales autour de l'intervention de Monsieur Olivier Faure, député de la 11ème circonscription de Seine-et-Marne, le groupe de 1ère a étudié les institutions européennes:
Les républicains en pleine crise d’identité ne cherchent pas de compromis sur l'"Obamacare"
LE MONDE |
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Par Nicole Bacharan (Historienne, politologue, chercheuse associée à la Hoover Institution, à l'université de Stanford (Californie))
Nul besoin d'être grand clerc pour comprendre que le Parti
républicain a mal choisi son combat: blocage budgétaire ou pas, Barack
Obama ne renoncera pas à sa réforme de la santé. Ses tergiversations sur
le dossier syrien l'ont affaibli, nombre de républicains, sentant
l'odeur du sang, y ont vu l'occasion de l'achever.
Mais, depuis 2011, le président a été mis en échec par la Chambre sur
tous ses grands projets – contrôle des armes, environnement,
immigration. L'économie qui repart, la baisse lente mais régulière du
chômage… tout cela est bel et bien pour son bilan, mais ne permet pas
d'entrer dans l'Histoire. La loi dite "Obamacare", qui donnera accès à
des millions d'Américains à une couverture maladie, est la seule grande
réforme qu'il peut porter à son crédit en cinq ans de mandat. Si, dans
l'actuel duel budgétaire, les républicains peuvent obtenir des
concessions sur les dépenses publiques et un relèvement, seulement à
court terme, du plafond de la dette, il est peu probable qu'ils
obtiennent la mort de l'Obamacare.
D'où cette question : pourquoi le Parti républicain s'obstine-t-il ?
Pourquoi le speaker John Boehner, vieux routier de Washington, des
"sages" comme John McCain ou Jeb Bush, ne parviennent-ils pas à ramener à
la raison les jeunes élus du Tea Party qui rêvent d'insurrection
politique ? En réalité, le parti souffre aujourd'hui d'une grave crise
d'identité, résultat de la descente aux enfers qu'il a engagée depuis
quelques années. Celle-ci a commencé lors de la présidentielle de 2008
lorsque le parti, déboussolé, a mis en selle Sarah Palin ("une terrible erreur",
m'a un jour confié Steve Schmidt, patron de la campagne de John
McCain). Le coup se voulait habile, le résultat fut calamiteux. Derrière
elle, les tea parties se sont engouffrés : un mouvement essentiellement
blanc, réactionnaire, rêvant de bouter hors de la Maison Blanche un
président noir au nom impossible, et de remonter le temps, vers une
Amérique mythique qui aurait été blanche, pieuse, rurale et tournerait
le dos au monde et à Washington.
Portés par cette vague, les candidats du Tea Party – jeunes,
agressifs, le verbe simplificateur – se sont imposés dans bien des
primaires locales en2008 et 2010, chassant les républicains à
l'ancienne, pas assez "purs" à leurs yeux. Elus dans des
circonscriptions retaillées pour être le plus homogènes possible, ils
ont emporté quelques dizaines de sièges à la Chambre (ils ne sont qu'une
poignée au Sénat) et, depuis, mènent une vie impossible aux
républicains modérés, les entraînant dans une série de fautes politiques
graves. DÉNI DE RÉALITÉ
La première est l'incapacité chronique à accepter une défaite. Ainsi,
la réforme de la santé – votée en 2010, confirmée en 2012 par la Cour
suprême et par le résultat de la présidentielle, financée – est en
application. Peu importe, les ultras la considèrent toujours comme
illégitime. Deuxième faute : le rejet systématique du compromis. Si les
Pères fondateurs ont conçu un système tel que chacune des trois branches
du pouvoir puisse bloquer les deux autres, c'est pour que, du blocage,
sortent des solutions négociées et acceptables par tous. Considérer tout
compromis comme une trahison, c'est rejeter le sens même de la
Constitution et rendre le pays ingouvernable. Cette dérive radicale va
bien au-delà du débat budgétaire. Les ultras rejettent la science, le
réchauffement du climat et ils mènent des combats d'arrière-garde contre
une révolution des mœurs pourtant irréversible… Car les femmes
américaines ne renonceront pas à la contraception ni au droit à
l'avortement, les couples homosexuels n'abandonneront pas leur quête de
l'égalité; aujourd'hui, la majorité des adultes ne sont pas mariés, le
groupe "religieux" qui augmente le plus vite est celui des agnostiques.
Telle est l'Amérique vraie qu'ils ne veulent voir.
Résultat de ce déni de réalité : le Parti républicain s'enferre dans
une conception schizophrénique de la liberté, dont il doit à tout prix
sortir pour ne pas échouer aux grandes consultations nationales. D'un
côté, il réclame toujours moins d'Etat, moins d'impôt, moins de
régulation, et revendique un libéralisme économique à tous crins. De
l'autre, il exige que l'Etat intervienne dans la vie privée, impose sa
morale religieuse et sexuelle. Ce que les Eglises n'obtiennent pas de
leurs paroissiens, l'Etat fédéral (par ailleurs bête noire des
ultraconservateurs) devrait l'imposer par la loi! Outre que cette
ambition est vouée à l'échec, elle mine la crédibilité du parti. Comment
prôner d'un côté la liberté individuelle et chercher à la brider de
l'autre ? Les ultras ne vont pas disparaître, ils sont bien financés, et
représentent un courant d'opinion réel. Mais ont-ils encore leur place
dans le parti ? En ces temps de déficits budgétaires vertigineux, il y
aurait pourtant une opportunité pour un parti rénové, certes libéral (au
sens français), mais ancré dans le monde moderne. Rappelons ce constat
historique: aux Etats-Unis, la liberté (et non l'égalité) est la valeur
première. Celui qui réussit à adapter le sens du mot "liberté" à son
époque domine le débat: il y eut la liberté d'entreprendre, le monde
libre, les droits civiques…
Le Parti républicain n'a désormais qu'un choix pour éviter de se
disloquer: refonder son idée de la liberté individuelle, accepter la
réalité de l'Amérique, mettre au pas les réactionnaires. Car sinon,
l'Histoire nous l'a appris, les partis meurent aussi.
Nicole Bacharan (Historienne, politologue, chercheuse associée à la Hoover Institution, à l'université de Stanford (Californie))
1) Visite de
l'exposition Depardon au Grand Palais.
Son œuvre de
photoreporter croise les grands événements de la seconde moitié du
XXe siècle : guerre du Vietnam, guerre du Liban, révolution au
Chili...
L'autre partie de son
œuvre permet une réflexion sur le rôle actif du photographe,
qui saisit la durée et la psychologie de son sujet
(contre la « photographie de l'instant » chère à
Cartier-Bresson).
Les thèmes (paysans,
territoires français) renvoient aussi à la dimension personnelle de
sa photographie (rapport à l'enfance en particulier).
2) Intervention du
député PS Olivier Faure, accompagné de son assistante,
Stéphanie Le Meur.
Après avoir présenté
son parcours, Olivier Faure répond aux questions des élèves, ce
qui lui donne l'occasion de développer de nombreux thèmes de
politique :
- sa volonté de donner
la parole à la périurbanité, face à la surreprésentation
des grandes villes, dont sont issus la majeure partie des
députés-maires.
- retour sur la stratégie
de communication pour maîtriser l'agenda médiatique (y
compris la pratique de l'obstruction à l'Assemblée, visant à
alerter les médias et l'opinion)
- éloge de la
social-démocratie inspirée du modèle nord-européen (la
négociation entre patronat et syndicat et la culture du compromis)
- Réflexion sur la
notion d'étoffe pour un homme politique : qu'est-ce qu'un homme
politique ? C'est celui ou celle qui a la capacité de
comprendre une société, la façon dont elle bouge, la capacité
d'incarner un projet (par opposition au technicien). Un homme
politique est un être poreux qui apprend des autres.
- En détaillant son
emploi du temps, il met en lumière la perpétuelle négociation
qui est à l’œuvre dans toute décision politique : à
Matignon, où on prend de nombreux conseillers et où on
cherche à connaître l'opinion du groupe socialiste ; dans le
comité de direction du parti socialiste ; au sein du
groupe socialiste, où les différentes tendances
s'affrontent ; entre les militants ; sur le terrain,
où le député se rend pour faire remonter les demandes des
électeurs (rôle social et presque psychologique du député) et des
élus. On voit ainsi l'intérêt des contre-pouvoirs, dont dépend
même le plus puissant.
- Évocation des « off »
dans les déjeuners, où le député met au courant les journalistes,
mais en tentant de créer un rapport de force avec les médias,
d'orienter leur angle de vue.
- Il rappelle aussi le
rôle important du travail en commission et du travail local
dans la semaine d'un député (par rapport à la présence dans
l'hémicycle).
- Enfin il réfléchit au
sens de l'action politique, qui s'attache à des projets pas
forcément immédiatement réalisables. Les financements sont lents,
pas toujours à l'échelle d'une législature, et la vision politique
nécessite de l'ampleur.
La convention entre Sciences Po Paris et une centaine de lycées en
zone d’éducation prioritaire (ZEP) ne profite pas seulement à la
prestigieuse école parisienne. Elle contribue aussi à métamorphoser les
lycées.
Dans le quartier très défavorisé du Vernet, à Perpignan, le lycée Aristide-Maillol s’enlisait. « Avant 2005, date de notre entrée dans le dispositif, nous perdions quasiment 15 % de nos élèves d’une année sur l’autre, Notre
lycée traversait, alors, une crise profonde, avec notamment des
violences entre communautés maghrébine et tzigane, et était devenu un
véritable repoussoir» se souvient Paul Hernandez, professeur coordonateur des ateliers Sciences Po.
La signature de cette convention a modifié notre image, estompé l’effet
ghetto et apaisé le climat. Nous conservons notre public de familles
modestes mais attirons désormais les enfants de familles plus aisées.
Depuis 2005, quarante de nos élèves ont intégré Sciences Po Paris ou
l’une de ses antennes décentralisées, et le nombre d’élèves rejoignant
des classes prépas est passé de 11 à 37. »
Le principe, mis en place en 2001 par Sciences Po Paris, est simple.
L’institution fait confiance aux lycées de ZEP pour prérecruter des
jeunes volontaires à fort potentiel et les préparer durant les années
des classes de première et terminale. Un jury interne au lycée déclare
les lycéens admissibles, soit en général 50 % de ceux qui ont suivi
jusqu’au bout les ateliers. Puis la direction, rue Saint-Guillaume, à
Paris, admet les candidats après un grand oral, à raison d’un à quatre
admis chaque année par lycée.
Le chiffre peut paraître dérisoire mais cache une dynamique vertueuse. « Une
vingtaine de lycéens s’inscrivent à l’atelier Sciences Po et, même si
les rangs s’éclaircissent au fil des mois, et seuls trois ou quatre
iront bien à Sciences Po Paris, leur réussite inspire tous les élèves de
terminale, à qui elle ouvre des perspectives, qu’elle rend plus
ambitieux », constate Christophe Foubert, proviseur du lycée Eugène Delacroix, à Drancy (Seine-Saint-Denis), « et les équipes d’enseignants, elles, se stabilisent ».
Le lycée Delacroix a d’ailleurs noué un autre partenariat, avec l’Ecole
des Mines, pour repérer les élèves de bon niveau scientifique.
C’est aussi le cas du lycée Olympe de Gouges, à Noisy-le-Sec
(Seine-Saint-Denis), qui enrôle des dizaines d’élèves chaque année dans
plusieurs autres dispositifs de tutorat avec l’Université Paris
Dauphine, Hec, Polytechnique, créant ainsi tout un environnement « et démythifie ces études, à tel point que nous souhaitons commencer dès la seconde la préparation de nos élèves »,
explique Philippe Le Coz, son proviseur. Olympe de Gouges est redevenu
attractif sur son secteur et ne voit plus, comme auparavant, fuir ses
élèves dans les nombreux lycées privés alentour, car Sciences Po exige
que les lycéens volontaires soient inscrits dans l’établissement qui les
présente depuis la Seconde.
Exonérer du concours classique des jeunes issus de lycées défavorisés
était la seule voie possible d’intégration pour l’ancien directeur
(1996-2012) Richard Descoings, décédé en 2012. Son pari, en 2001, en
lançant le dispositif, était qu’en cinq ans, ces jeunes rattraperaient
leur retard culturel. Pari gagné puisque, selon l’étude de Vincent
Tiberj, chercheur en sciences politiques, la carrière, en termes
d’emploi et de salaire, de ces 140 à 160 jeunes qui entrent ainsi chaque
année n’a rien à envier à celle des élèves recrutés par la voie
classique.
La mesure a diversifié les profils. Ainsi, 14 % des admis ont des
parents qui exercent de professions intermédiaires et 44 % sont issus de
milieu modeste, ouvriers et employés, mais 21% proviennent des
catégories favorisées OUVERTURE SOCIALE
Les boursiers représentent aujourd’hui 27 % des effectifs de Sciences
Po (6 % en 2001). Selon les travaux de M. Tiberj, entre 2006 et 2011,
la proportion de fils d’employés a plus que triplé dans l’établissement,
passant de 2 % à 7,5 %, et celle des fils d’ouvriers plus que
quadruplé, de 1 % à 4,5 %. Une ouverture sociale, même si les catégories
favorisées restent surreprésentées avec 50 % d’enfants de cadres et
professions intellectuelles supérieures.
En amont, le dispositif incite à l’excellence, même si tous les
progrès ne trouvent pas là leur explication. Au lycée Jean-Vilar, à
Meaux (Seine-et-Marne), le taux de réussite au bac a grimpé de 50 % en
2007 à 86 % en 2012. Car suivre les ateliers prépare aussi au bac et
renforce l’attractivité du lycée aux yeux des parents de bons élèves. A
Meaux, deux élèves ont été admis en 2013 et l’ambition s’est invitée. « Les élèves n’envisagent plus seulement des formations courtes », se félicite Daniel Djimadoum, le proviseur.
Reste la question des déménagements vers Paris « Nous n’avons, cette année, aucun élève volontaire, déplore Patricia Boudoux, proviseure adjointe du lycée
André-Lurçat, à Maubeuge (Nord). Notre seul élève admis en 2013 a
abandonné Sciences Po en cours d’année pour rentrer chez lui. Nous
constatons de fortes réticences des familles à accepter l’éloignement
des enfants, même vers Lille ou Valenciennes. » Preuve qu’il reste encore des barrières à faire tomber.